Episode 3 - "Le temps des révélations" partie 1

Publié le par Amélie Jeannot

Episode 3 - "Le temps des révélations" partie 1

Bonjour à tous !

En ce mois de septembre, j'en profite pour vous souhaiter une excellente reprise ! Un moment de détente est toujours le bienvenu. C'est pourquoi je vous propose la suite de ma sage de l'été intitulée "Journal d'une Vie".

En cette fraîche journée qui s'annonce, rien de tel qu'une bonne lecture. Calé dans un confortable fauteuil, on n'en apprécie que mieux sa lecture (c'est l'expérience qui s'exprime). Pour ma part, j'avoue que cette période de l'année s'est révélée une riche source d'inspiration. Allez, je n'en dis pas plus et vous laisse découvrir la suite...

"Depuis trois semaines, je passe mon temps à lire et à relire le journal de Camélia. Je l'ai tellement parcouru que j'en arrive à connaître par coeur certains passages. Je me sens toujours autant d'affinités et de compassion pour celle que j'appelle ma nouvelle amie. Cependant, un détail me trouble : le journal s'arrête la veille de son dix-septième anniversaire. En vérité, celui-ci, bien que très fourni, ne s'étend que sur une période limitée de sa vie : trois à quatre semaines tout au plus.

D'un coup sec, je referme le journal, avant de le poser sur ma table de chevet. Je commence à m'ennuyer à force de ne pouvoir bouger. En effet, afin de guérir mon entorse de la cheville, le médecin a prescrit quatre semaines d'immobilisation totale. En cas de besoin, il m'a tout de même recommandé d'utiliser des béquilles. En cet instant, mon oeil lorgne avec avidité sur le seul objet capable de m'offrir une distraction: les cannes anglaises, adossées contre le mur, à côté de mon lit. A vrai dire, Camélia évoque, à plusieurs reprises, la grange qui est rattachée à la maison. Jusqu'à maintenant, je n'y ai guère prêté d'attention. Mais, dans son journal, elle affirme qu'il s'agit d'un endroit plein de surprises. Ma curiosité a été éveillée.

Comme toujours, ma mère est au travail. Quant à mon père, il continue de déballer les cartons au rez-de-chaussée. Je tends l'oreille un instant afin de m'assurer que la voie est libre : au loin, j'entends les pas saccadés de mon petit frère. Maxence est avec mon père. Tant mieux ! Il ne se mettra pas en travers de mon chemin.

Résolue, j'attrape les béquilles, tandis que je m'asseois sur le bord du lit. Je n'ai pas l'habitude des béquilles. Au début, mes pas se font à la fois hésitants et bruyants. Heureusement, occupé comme il l'est, mon père ne semble pas alerté. Je progresse avec lenteur. Mon idée est de rejoindre la porte de derrière afin d'éviter la porte principale de la maison. je me dirige donc vers le second escalier, au bout du couloir. Celui-ci est nettement plus étroit et sombre ; aucune fenêtre ne s'y trouve pour y laisser passer un peu de lumière. J'en déduis qu'il devait s'agir de l'escalier de service. Je m'apprête à descendre la première marche, lorsqu'un bruit de galopade attire mon attention. Je me retourne : Maxence fonce à vive allure dans ma direction. Freinant de justesse, mon frère évite de peu la collision.

"-Je savais bien que je t'avais entendu bouger, me lance-t-il, de son air narquois coutumier.

Je ne peux contenir un soupir d'exaspération. Maxence s'en rend compte et, à ma grande stupéfaction, il en prend ombrage. Mon frère est devenu, ou plus susceptible, ou bien, plus attentif à mes réactions.

-Laisse-moi tranquille, Maxence, lui dis-je en poursuivant la descente de l'escalier. Va jouer ailleurs !

-Papa dit qu'on ne doit pas emprunter cet escalier... Il a même raconté à Maman que des ombres s'y promenaient le soir. A ce qu'il paraît, il a été maudit.

Soudain, je me fige, coupé dans mon élan. Des sueurs froides glissent le long de mon dos, tandis que j'essaie vainement de distinguer les formes sombres s'étirant au bas des marches. A présent, je n'ai plus qu'une envie : regagner ma chambre en quatrième vitesse ! Mais je refuse de montrer ma peur à mon frère.

-Je t'ai eu ! s'écrie-t-il, en partant d'un grand éclat de rire. Si tu voyais ta tête ! se moque-t-il.

-Maxence ! C'est vraiment crétin...

Agacée autant que rassurée, je choisis d'ignorer mon petit frère. Je parviens ainsi au pied de l'escalier. Deux portes se présentent à moi : l'une, donnant sur le salon ; la seconde, sur le jardin. J'opte pour la seconde. Je me retrouve sur le perron. Un instant, je ferme les yeux et savoure la sensation délicieuse de l'air frais sur mon visage. En cette fin d'après-midi, le temps se montre clément. Une douce brise caresse mes cheveux, tandis que les derniers rayons diurnes me réchauffent. Je me sens bien pendant une minute, mais c'est sans compter sur la présence de mon frère qui m'a suivie.

-Que veux-tu, Maxence ?

-Je m'ennuie avec Papa, m'avoue-t-il de sa petite voix d'enfant. J'aimerais mieux jouer avec toi.

-Dans ce cas, réponds-je, comprenant qu'il me sera impossible de semer mon frère, tu n'as qu'à m'accompagner : je vais me promener du côté de la grange.

-D'accord ! s'exclame-t-il en faisant un bond de joie. Allons-y !

Sur ce, Maxence file comme une flèche devant moi. Ses pirouettes finissent par m'amuser. Mon petit frère possède un côté touchant. Il est capable de se montrer espiègle et fouineur, tout comme il sait être parfois adorable et touchant. En ce moment, j'apprécie sa compagnie. Après avoir parcouru une cinquantaine de mètres, nous arrivons devant la porte de la grange. L'édifice semble en bon état. Un courant d'air s'engouffre alors dans le bâtiment. La porte, mal refermée, s'ouvre brusquement, et vient claquer contre le mur. Maxence sursaute ; un instant, il fait mine de retourner vers la maison. Quant à moi, j'éclate de rire. C'est à mon tour de le taquiner.

-Tu es sûre que tu veux y entrer ? m'interroge-t-il, l'air effrayé. Cet endroit n'est pas très accueillant...

-Au contraire, Maxence, le contredis-je, c'est un lieu très sympa. D'ailleurs, j'ai lu que c'était l'endroit le plus sympa de la propriété.

Devant son air sceptique, j'ajoute :

-Il paraît que des jouets y sont cachés...

Je sens son intérêt s'éveiller. Sans attendre sa réaction, je m'engouffre d'un pas décidé à l'intérieur de la grange. A ma grande surprise, je constate que plusieurs lanternes ont été allumées. Placées ici et là, leur lueur collective projette une lumière diffuse. Après un bref examen, je réalise que la grange est assez banale ; il s'agit d'un espace clos d'environ vingt mètres carrés. A ma droite, se trouve une mezzanine à laquelle on acccède par un escabeau. Soudain, un éclat métallique retient mon attention. Cela provient du bas de l'échelle. Je progresse avec difficulté dans la grange, au milieu des débris de paille et de la terre battue. Enin, je parviens près de l'escabeau et me penche pour examiner ma découverte. Quelle n'est pas ma surprise lorsque je reconnais la mini voiture de mon frère au milieu de la paille ! Une brusque colère s'empare de mon être : mon frère s'est bien moqué de moi. De rage, je saisis le jouet et le lance de toute mes forces contre le mur, où il vient se briser en mille morceaux. Déterminée à avoir une explication ave Maxence, je m'apprête à repartir, lorsqu'un bruit me fait frissonner. Aussitôt, je me retourne : la porte de la grange vient de se refermer. En mon for intérieur, je tempête contre mon espiègle petit frère. Toutefois, j'oublie bien vite ma colère en apercevant une lanterne se décrocher de la poutre principale. Avant que je puisse intervenir, celle-ci se brise, libérant son feu sur le sol. Tout s'enchaîne alors très vite : les débris de paille s'enflamment.

Je pousse un cri de terreur pure ! Si je ne ne sors pas d'ici très vite, je vais mourir asphyxiée. Autour de moi, les flammes forment un cercle. Dans un mouvement spontané, je tente de franchir cette barrière de feu, mais c'est sans compter sur la douleur fulgurante qui me traverse la cheville. Je m'effondre alors de tout mon long, au pied des flammes qui se rapprochent dangereusement. La fumée se répand dans la grange. Tandis que je me relève, j'ai de plus en plus de mal à respirer. Mon coeur bat tellement fort dans ma poitrine que j'ai l'impression que celle-ci va exploser. La fumée me brûle les yeux. Les minutes me sont désormais comptées. Vite ! Je me jette à terre et j'avance en rampant en direction de la porte. Je ne distingue plus rien autour de moi. Je déchire un bout de mon tee-shirt afin de protéger mes yeux. Je ne sais combien de temps s'écoule ainsi. Enfin, je repère la porte ! J'ignore comment j'ai réussi à l'atteindre, mais le soulagement qui m'envahit est si violent que j'en oublie mes interrogations. De toutes mes forces, je tire sur la poignet de la porte. Celle-ci finit par céder. A l'extérieur, la nuit est tombée. Je titube sur quelques mètres, avant de m'affaler sur la terre.

Ma respiration est encore saccadée, mes yeux me brûlent. Toutefois, je n'en ai cure, car une seule pensée m'importe et résonne en mon âme en cet instant : je suis en vie ! "

La suite, la semaine prochaine !

Bonne fin de weekend à tous !

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